sur le trottoir d’en face – 2005






Cette scène s’était déjà déroulée. Ce n’était pas la première fois que je la croisais. Elle se tenait là, au coin du Miroir, sur le trottoir d’en face.
L’envie simple de lui adresser la parole m’était interdite.
Et pourtant… Juste aller sa rencontre, oser lui parler, lui avouer. Il fallait juste lui dire ce que j’attendais d’elle, ce que je voulais d’elle. J’étais persuadée que tout serait simple si je pouvais lui parler. Elle aurait acquiescé et nous aurions convenu d’un rendez-vous. Seulement rien ne se passait comme je l’aurais souhaité. Un trouble m’avait alors envahie, trop fort…
Elle, qui se tenait au milieu de la foule, à quelques pas de moi; son allure majestueuse, l’élégante désinvolture de ses gestes, bouleversante comme une peinture religieuse.
Moi, qui la contemplais, subjuguée et paralysée par son éclat lunaire, moins dû sa pâleur extrême qu’à la grâce naturelle qui émanait d’elle. J’étais entièrement éblouie par ce quelque chose d’elle qui était plus subtil que la seule beauté: quelque chose de plus précieux, presque mystique.
Elle attendait quelqu’un. Elle ne savait pas encore que c’était moi…