«Taisez-vous, je suis en train de naître», «dans la nuit du papillon», «donne-moi quelque chose d’éternel», nous entraînent dans l’avant spectacle.

Là où une personne devient autre, un fantasme, devient l’Ange.

Pour moi, le spectacle se déroule ailleurs que sur scène. Ailleurs et bien avant…

En coulisse, là où le temps ralentit et laisse advenir la transformation. L’écoulement des préparatifs et la magie de cette métamorphose, sous l’élégante désinvolture de leurs gestes; l’idée que quelque chose doit se passer, se passe et se dissipe.

J’ai rejoint ces personnages, tour à tour, sans peine et sans parole, dans cet espace à la réalité incertaine, dans lequel flotte un sentiment d’éternité. Je les ai rejoints et me suis accaparée des instants magiques et fascinants, où j’ai eu l’impression de glisser dans la profondeur de leur âme, où la mise à nue est devenue évidente. J’ai bu leur fébrilité d’avant scène et je me suis noyée dans cette ambiance du paraître.

Quelque chose de troublant s’est déroulé sous mes yeux. Ce quelque chose, je ne peux le nommer, mais j’ai pu le photographier. Saisir cet «instant de grâce»: la justesse de l’image alliée au mystique de l’abandon.

Sandrine Berger