femmes – 1998-2000 

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Gisèle, Annie, Marie Reine et d’autres femmes se sont livrées à l’objectif de Sandrine Berger. Elles se tiennent debout…face à la photographe. Toutes ont délibérément pris la pose. Dans ces grands tirages noir et blanc, les conventions du portrait « artistique » sont oubliées : aucun effet esthétisant, d’éclairage, de matière, de mise en scène, imposé par l’opératrice, ne vient interférer dans notre face à face avec un sujet qui assume la propre scénographie de son corps.

En effet, après avoir provoqué la rencontre par petites annonces passées dans la presse locale, Sandrine Berger se fait discrète, elle n’impose pas à ces personnes une vision égocentrique chargée de ses propres codes esthétiques, elle leur permet de se présenter dans leur globalité, visage et corps sexué, sans intention érotique ou pornographique ; le sexe fait partie du corps, il existe naturellement. Devant l’objectif, les sujets de Sandrine Berger adoptent plus ou moins instinctivement les poses stéréotypées des mannequins des magazines ; mais assumant pleinement les regards posés sur leurs corps acceptés dans l’ampleur de leurs formes, marqués par l’âge et la vie, ces êtres investissent un espace photographique habituellement réservé aux modèles jugés « esthétiquement photogéniques ».

En déployant à l’image leurs anatomies non conformes aux diktats de la mode et de la publicité, ces personnes déconstruisent nos visions-clichés de féminité sculpturalement modelisées, uniformisés et éternellement figées dans une jeunesse intacte. Elles n’exhibent pas des formes-objets imposées de l’extérieur par des codes de mensurations normalisateurs. Chacun des sujets de l’artiste propose l’image d’un corps spécifique dont la chair vivant dans son opulence, ses accidents, ses excès, ses exigences, fait irruption et crève la pellicule glacée des conventions photographiques.

L’image du nu se prête le plus souvent à tous les fantasmes du pouvoir créateur ou marchand. Sandrine Berger bouleverse entièrement la donne : face à son regard disponible, attentif et généreux, dans ce fragile théâtre privé qu’elle édifie, elle offre à ces êtres anonymes la possibilité de livrer au regard une empreinte unique et personnel, construite et voulue par eux, comme revanche sur la vie sociale et ses masques. L’artiste redonne à la prise de vue ce qu’elle a de meilleur : un espace-temps intime et privé, une capture du désir et de la passion entre l’auteur et son sujet. D’ailleurs approchons-nous… Les images de Sandrine Berger sont toutes des paroles visibles.

Marie-France Vo, historienne d’Art

PRéSentation / exposition

PRESSE/PUBLICATIONs