la dame aux dentelles bleues – 2008













Face au monde, M-F. n’était pas la femme détruite qui pleurait d’une façon convaincante sur sa vie. Non. Elle était plutôt résignée, détachée. Empreinte d’une froideur qui dissimulait tous les drames vécus, sa voix grave à l’accent toulousain n’exprimait aucune émotion. Elle qui de coutume ne parlait pas facilement, se mit à me conter par bribes, certains des événements de sa vie.
Comme en dehors d’elle. Comme si tout cela ne la touchait pas.
Quant à moi, l’inconnue qui avait tout fait pour la rencontrer, je n’étais pas préparée. Je fus bouleversée.
Pour ne pas entamer sa force par ma propre faiblesse, j’ai commencé à la photographier. Mon appareil photo comme paravent.
Naturellement, elle s’appliqua à ses tâches quotidiennes, en silence.
Face à moi, elle menait le jeu. Parfois, son récit reprenait, haché et froid, d’une voix impassible…
Ce jour-là, j’ai photographié pour nous libérer.